Entraîneur national handisport
 
(Olivier Deniaud: interview de janvier 2000 dans le cadre de la fac (c'est pour ca kil fo faire style je le connais pas le bougre ! :-) je le vouvois po du tout normalement :-) )

Pour commencer, j’aimerais savoir quel cursus avez vous suivi ?
Je suis passé par la filière STAPS, ce qui m’a permis d’avoir le tronc commun pour devenir entraîneur. Je me suis spécialisé dans l’athlétisme, pour devenir entraîneur F.F.A., de 1er degré.

Depuis combien de temps êtes vous dans le milieu de l’athlétisme ?
J’ai tout d’abord été athlète, plus précisément décathlonien, L’athlétisme a toujours été pour moi une passion, alors la suite logique à ma carrière d’athlète, fut d’entrer dans la peau d’un entraîneur. Cela va bientôt faire 8 ans que je suis entraîneur d’athlétisme F.F.A., pour adulte. Mais auparavant, j’ai entraîné à l’école d’athlétisme dés mes 25 ans, c’est-à-dire il y a 11 ans, pendant 3 ans.

Comment êtes vous parvenu à ce poste d’entraîneur nationale handisport ?
Lorsque j’étais athlète, je m’entraînais avec Jean Minier, le Directeur Technique Fédéral (DTF) à la Fédération Françaises Handisport (F.F.H.), c’est en gros l’équivalent du DTN Richard Descoux à la F.F.A. mais à la F.F.H., c’est un DTF responsable du Haut Niveau… Je connais Jean depuis 1983, et c’est un bon ami avec qui j’ai gardé contact lorsque je suis devenu entraîneur à la F.F.A. Or la politique des handisport était et est toujours d’intégrer les handisport dans les clubs valides. Un jour, Jean m’a proposé de faire participer un non-voyant et un hémiplégique à un stage d’athlétisme valide, c’est-à-dire dans le club ou j’entraînais. Ils sont venu une semaine, tous c’est parfaitement bien passé, alors Jean m’a demandé d’encadrer un stage handisport, puis une compétition. Comme les choses ont continué à parfaitement se déroulé, il m’a ensuite proposé d’encadrer le stage pré-paraolympique d’Atlanta (1996) pour les handisport « marchant », et depuis les J.O. d’Atlanta, j’ai le statu d’entraîneur national handisport. Mais pour cela, j’ai quand même du travailler la théorie du B.E. handisport.

Quel statut avez vous à la fédération handisport ?
A la fédération handisport, j’ai le statut de bénévole, comme tous les entraîneurs de la fédération. Car en fait cette fédération à des problème de budget, et elle fonctionne par le bénévolat, ainsi que par les œuvre caritatives.

Et pour Jean, comment cela se passe t-il ?
Oh, pour lui les choses sont différentes, car après avoir été prof d’EPS, il a passé le concours du ministère de la jeunesse et des sports pour devenir prof de sport. Et ainsi il est devenu DTF à la fédé handisport. Il s’agit donc d’un métier. On ne parle plus pour lui d’activité.

Ainsi il s’agit d’une activité à temps partielles, quels est votre emplois à plein temps ?
Je suis prof d’EPS dans un lycée international à paris, dans le XVII ème. Mais lorsqu’il y a des compétition handisport, comme les championnats d’Europe de septembre ou les Jeux Olympiques de Sydney en octobre 2000, je suis détaché.

Y a t il une raison dans le fait que vous ne pratiquiez pas un travail au sein de la fédération handisport à temps plein ?
J’y songe très sérieusement en fait. Pour obtenir un travail au sein de la fédé handisport, il faut que je passe le professorat de sport en interne. Il y a environ 1 ou 2 poste par ans.
Mais mon rêve, c’est impossible je le sais, ce serais d’être à mi-temps dans l’éducation nationale, et l’autre mi-temps à jeunesse et sport, car j’aime autant mon métier de prof d’EPS, que les handisports.

Mais entre vos entraînement le soir dans votre club avec les handisport et les valides et votre métiers, est ce facile à gérer ?
Au niveau du temps vous parlez je suppose…

Oui
…c’est vrai qu’il faut être très disponible, mais en tant que prof d’EPS, j’ai beaucoup de temps libre avec les vacances pour les stages, et des horaires très souples. Également, le fait d’être célibataire ça aide. D’ailleurs Jean m’avait plusieurs fois proposé d’entraîner des handisports, mais à cet époque, j’étais avec ma conjointe, et mon fils, je n’avais donc pas envie de consacrer tous mon temps à cela, car l’entraînement de sportif de haut niveau nécessite d’être sur le stade 5 à 6 jours par semaine. C’ est en fait depuis ma séparation que je me suis complètement investi à l’entraînement.
Et c’est également pour cela que j’envisage de passer le professorat de sport, pour pouvoir faire cela pendant des horaires normales, « de bureau ».

Vous mélangez donc l’entraînement handisport et valide, est ce facile l’intégration des handisports dans l’entraînement ?
En fait l’intégration est possible pour les athlètes « marchant », c’est-à-dire les non-voyants, les amputés ou encore les hémiplégiques… Pour les athlètes en fauteuils, c’est plus difficile… ils ne s’entraînent d’ailleurs que rarement avec des valides, c’est aussi pour des raisons de sécurité. On a pu remarquer que les athlètes valides apportent beaucoup aux handisports, mais il y a un échange : les athlètes valides apprennent beaucoup de leur part, notamment au niveau des mentalités. Je tiens à bien insister sur cet aspect, en effet ils sont très enrichissant pour mes autres athlètes. En fait l’intégration permet aux athlètes handisports de s’entraîner en groupe, car chez les handisports, il y a peu d’athlètes et peu de clubs, alors ils bénéficient d’une dynamique de groupe. Également ça leur permet d’élever leur niveau de performance, car il existe dans chaque club une concurrence positive. Puis, ils peuvent aussi participer aux compétitions des valides.

Pensez vous qu’il y ai de réelles différences entre l’entraînement des handisports et celui des athlètes valides ?
Oui , en effet il y a des différences, les exigence technique sont différentes. Il n’y a pas assez de modèles de références, ou de modèles techniques établis. Par exemple, pendant vos études STAPS vous allez étudier la biomécanique, avec les différents processus de course, mais pour un amputé, la technique seras différentes, car il n’y à pas les même équilibres corporels ou encore les temps de renvois de la prothèse sur la piste sont différents de celui du pied. Et pour un non-voyant, il faut savoir expliquer clairement les choses, puis son comportement lors de la course est totalement différent de celui d’un valide, car il a l’habitude d’avoir de long appuis au sol pour compenser son handicap, hors la technique du sprint lui demande l’inverse. Donc vous voyez, il faut savoir adapter suivant chacun, selon les handicaps.
Puis je pourrais aussi ajouter à cela, les technique de guidage pour les non-voyant à mettre en place… et pour cela il faut un guide compétent en athlé pour pouvoir retranscrire les consigne sur son athlète.

Vous avez donc des connaissance plus spécifique en médecine qu’un entraîneur traditionnel, pour les valides?
Oh.. j’ai des connaissance sur les handicaps, mais cela je l’ai appris sur le terrain, à force de côtoyer les handisports, car de toute façon, un entraîneur doit avoir certaine base en anatomie ou en physiologie, ou encore en biomécanique.

Quel rôle pensez vous que l’athlétisme joue pour les handisports, avec la compétition et les entraînements ?
Tout d’abord, il faut savoir que tous les sportifs de haut niveau sont insérés socialement et professionnellement. Et tous les athlètes handisports de haut niveau ont accepté leur handicap, maintenant, savoir si c’est le sport qui les a aider à accepter cela, je ne sais pas, c’est probable…
mais ce qui est sure, c’est que ca les aide à s’insérer dans la société, à faire des rencontres, car ils pratiquent avec des valides, il font plein de connaissance.
Par exemple, Aladji Bâ, le meilleurs sprinter national non voyant, il est venu dans une de mes classes de 4ème, et mes élèves l’ont considéré immédiatement comme un sportif de haut niveau, et non comme un aveugle.
Je pense qu’au niveau mentale, ils ont quelque chose de plus fort que les autre sportifs, car ils ont quelque chose à prouver, ils sont d’avantage capable de se surpasser.

Avez vous un rôle plus important pour eux que pour vos athlètes valides ? Si vous avez une influence plus grande envers eux .
Je ne pense pas, ils ont exactement les même échéances que les autres sportifs, avec les championnats du monde, les Jeux Olympiques… je dois les préparer quotidiennement pour le jour J. Bon peut être qu’en effet, j’ai des rapports plus basé sur le dialogue. Je n’oublie pas que ce sont des athlètes Qui ont vécu des moments difficiles, et qui en vivent quotidiennement, je tiens compte de cela dans les rapports. Mais mes relations à l’entraînement avec eux est comme pour les valides. Ils sont très exigeant envers eux-mêmes, et donc aussi avec leur entourage, ils attendent que je sois exigeant avec eux comme n’importe quel autre athlètes. Ils ne veulent pas que j’ai de l’indulgence pour leur handicap, bref, ils ne veulent pas qu’on ait pitié d’eux !

Comment définiriez vous votre rôle en tant qu’entraîneur d’athlétisme ?
hum… je crois que l’entraîneur, ou bien le prof d’EPS, a en fait 3 choses à effectuer sur ses athlètes ou ses élèves. Tout d’abord, il doit analyser la tâche à accomplir, la décomposer, la modeler, c’est-à-dire pour un sprinter, lui donner les fondamentaux de la course de vitesse; ensuite il doit analyser ou lister les ressources des « apprenants », donc voir quel potentiel a tels ou tels athlètes ou élèves; et enfin, il doit déterminer des objectifs avec ses élèves ou athlètes afin d’optimaliser leur progression. En fait tout cela permettra à l’entraîneur de leur proposer des situations pertinentes. Vous comprenez bien, qu’il est plus intéressant pour l’athlète plutôt endurant de s’orienter vers le demi-fond plutôt que le sprint, et lui donner l’envie de progresser. Ceci fait partie de notre rôle.

Et en ce qui concerne le dopage, vous pensez avoir un rôle à jouer face à ce fléau ?
Je pense que tous les entraîneurs ont un rôle à jouer face au dopage, pour commencer au niveau de la prévention, on leur communique la liste des produits interdit, et on essais de leur donner un états d’esprit qui fasse qu’ils ne ressentent pas le besoin d’aller chercher dans les produits dopants des solutions. Également ils sont sportifs de hauts niveaux, et donc ont signés la charte du haut niveau comme quoi ils s’engagent à ne pas se doper… mais maintenant, mon rôle s’arrête là !

En ce moment vous avez un athlète qui est en pleine progression, Aladji Bâ, comment s’est passé votre rencontre avec Aladji ?
Aladji fut l’athlète non-voyant envoyé par Jean Miniet au stage valide de mon club, c’est donc mon premier athlète handisport. C’est à ce stage qu’il a rencontré Philippe Biscay, son guide actuel. Auparavant il s’entraînait avec un guide peu disponible du fait de son emploi de stewart. Bien évidemment cette rencontre se déroula bien, puisque désormais il fait ses 6 entraînements par semaine avec moi. Ma rencontre avec lui fut très enrichissante, d’ailleurs mes rencontres avec tous les handisports m’apportent énormément, et j’aimerais leur apporter autant que ce qu’ils m’apportent. En ce qui concerne Aladji, depuis les championnats du monde de Séville, il est parfaitement intégré à l’équipe de France F.F.A.

Comment se passe l’entraînement avec un athlète non voyant tel qu’Aladji ?
Il existe des techniques d’entraînement assez spéciale, du fait qu’ Aladji ne peut courir sans un guide… je peux d’ailleurs vous donner l’adresse du site d’Aldji, il donne plusieurs détails sur les techniques de guidage, si cela vous intéresse. (http://www.chez.com/voirplusloin). Sinon parfois afin de lui faire visualiser ce que je lui demande, on utilise un socle de caoutchouc mou, avec du papier calque sur le dessus, je dessine ce que je veux qu’il fasse, puis il lit ensuite sur le papier calque en braille. Ce n’est pas toujours très simple pour lui d’intégrer toutes les informations que je lui dis, mais à son rythme, il intègre les consignes et les appliquent. Puis c’est un athlète qui a besoin de s’exprimer, besoin de prouver quelque chose, alors il ne renonce jamais. C’est donc pour moi un réel plaisir d’entraîner quelqu’un comme lui.